Lancer son entreprise créative
Cet article part du constat suivant :
80% de nos fournisseurs sont des femmes
Plus de 50% d’entre elles ne vivent pas encore dignement de leur activité artisanale, c’est-à-dire qu’elles ont un autre job alimentaire en parallèle, ou qu’elles vivotent en attendant le développement de leur entreprise… Qui n’arrive pas toujours.
Le retour en force du travail manuel
L’artisanat a toujours existé, mais depuis une dizaine d’années, notamment grâce au statut de micro-entreprise, nous assistons à un véritable engouement pour l’entreprenariat.
Le développement des loisirs créatifs permet de s’essayer à de nouvelles techniques et surtout de goûter au plaisir de faire par soi-même, de se réaliser à travers la créativité et le travail manuel.
De plus en plus de gens ne trouvent plus de sens à leur job et décident de se lancer dans une entreprise créative, à la fois pour retrouver le plaisir de créer quelque chose de ses mains, mais également pour vivre en accord avec leurs principes et renouer avec une certaine éthique qui leur est chère.
La situation actuelle nous engage à faire le point, à réviser nos priorités et beaucoup décident de sauter le pas et de se lancer dans une entreprise créative. Certes, la prise de conscience d’une bonne partie de la population va dans le sens d’une consommation plus locale et responsable et le « Made in France » a le vent en poupe ces derniers mois et nous espérons que les bonnes résolutions durent dans le temps.
Quelques contraintes à prendre en compte
Cela dit, avant de se lancer, il me semble important de bien prendre en compte tous les aspects du métier de chef d‘entreprise. Outre les différentes casquettes que l’on doit être capable d’arborer (cf article précédent), il semble important de rappeler quelques contraintes liées au statut d’indépendant. En effet, lorsque l’on est à son compte :
On n’a pas de congés payés, pas de chômage lorsque notre activité s’arrête (pas de chômage partiel dans la situation actuelle, pas forcément d’aides de l’Etat alors que tous les marchés et expositions sont annulés…), on aura généralement une très petite retraite (à moins de cotiser par ses propres moyens, mais encore faut-il faire la démarche et anticiper !). Un congé maternité s’organise également consciencieusement, car à moins d’avoir la possibilité de déléguer tout ou partie de ses missions, notre entreprise est à l’arrêt pour plusieurs mois.
La bonne question : combien vaut mon travail ?
Lorsque l’on débute son activité artisanale, une des plus grandes difficultés est de fixer le prix de ses produits. Il y a la matière première, certes, mais surtout le temps de travail, qui comme nous l’avons vu dans l’article précédent (le métier d’artisan créateur), ne se résume pas au temps passer à fabriquer le produit. Un artisan ne peut donc pas se rémunérer 10€ de l’heure, car, lorsque l’on déduit les charges après déclaration du chiffre d’affaire, l’artisan se retrouve avec un salaire très inférieur au SMIC, pour un travail que l’on peut, sans hésiter, largement comparer à celui d’un cadre, étant donné les compétences et les responsabilités qu’il réclame pour être performant/efficient.
La Chouett’éthique
C’est la raison pour laquelle l’artisanat à un prix et chez « Chouette ! » nous voyons comme une priorité le fait de régler le créateur de façon correcte afin qu’il soit rémunéré correctement pour son travail. Régulièrement, malgré des coups de cœur, nous préférons refuser de vendre certains produits car nous savons que, si nous voulons vendre l’article à un prix décent, l’artisan ne sera pas rémunéré à sa juste valeur.
Lancez-vous !
Tout cela étant dit, le métier d’artisan peut tout à fait être extrêmement satisfaisant. L’indépendance, la créativité, le travail manuel et bien d’autres avantages nous permettent de nous épanouir. Alors, pour ceux qui le désirent, lancez-vous dans l’aventure artisanale ! Et surtout, n’hésitez pas à vous faire accompagner. Pour commencer, il y a l’excellent blog « Les pies bavardes », rempli de conseils pragmatiques et bienveillants. Il y a également l’association « Pro Créatifs » qui, soutenue par la Chambre des Métiers, se lance en Ille-et-Vilaine avec ambition de soutenir et promouvoir les artisans créateurs.1